NUTRITION ET SANTÉ ANIMALE InVivo lâche Neovia

Le 26 juin dernier, InVivo annonçait être en passe d'acquérir Jardiland et lançait une nouvelle levée de fonds. Moins d'une semaine après, le 2 juillet, le groupe coopératif lâchait une bombe dans la ferme France en signant un accord de négociation exclusif avec ADM. Un temps pourtant présentée comme son fleuron, Neovia devrait donc d'ici à la fin de l'année 2018 passer dans le giron d'une entreprise américaine privée, avec ses 72 usines, ses laboratoires d'analyses et ses centres de recherche appliquée. InVivo veut en effet mobiliser « ses efforts sur ses moteurs de croissance : l'agriculture, le vin et le retail », explique le groupe.

Hubert de Roquefeuil démissionne

Moins d'une semaine après, Hubert de Roquefeuil, PDG, et Matthieu Leroy, son conseiller, directeur de la transformation, démissionnaient et Thierry Blandinières reprenait la direction de Neovia.

Au niveau international voire européen, l'achat fait sens. Le PDG d'ADM, Juan Luciano qui va y consacrer 1,535 Md€, a notamment indiqué : « L'acquisition d'un des leaders, Neovia, va représenter une étape cruciale dans notre activité nutrition animale et un investissement stratégique en France. Chez ADM, tout démarre avec l'agriculteur et nous sommes impatients d'accentuer notre relation avec les fermiers français et l'agriculture française en joignant les ressources, les technologies et l'expertise de deux grandes entreprises. » Le fait que Neovia continue à servir les coopératives françaises constitue en effet un des points de base de la négociation, souligné par Thierry Blandinières début juillet. En outre, ADM compte bien placer toute sa nutrition animale sous le nom de Neovia pour, de la troisièmeou la quatrième place actuellement,se donner les moyens de passer en têteau niveau mondial.

Une excellente valorisation

Avec 20 Mt d'aliments pour animaux, la France reste dans tous les cas un marché de taille dans le concert européen. L'intérêt d'ADM porte aussi sur le portefeuille diversifié de Neovia (dont Pancosma, reprise en 2014) et son centre mondial de l'innovation de Saint-Nolff (Morbihan) inauguré en 2016. La cession était déjà en germe avec l'abandon progressif de la signature « by InVivo », souligne d'ailleurs une source proche du dossier. Et, dans une interview filmée sur Twitter, Thierry Blandinières rappelle que cette cession, prévue à échéance 2020 voire 2022, est juste avancée grâce à l'excellente valorisation proposée par ADM. L'accord signé le 2 juillet porte sur les 67,5 % des parts de Neovia détenues par InVivo mais aussi les parts minoritaires détenues par Eurazeo, Unigrains, Future French Champions et Idia Capital Investissement. La reprise d'Evialis par InVivo, en 2007, a posé la première pierre non seulement de Neovia (nom adopté en 2016), mais aussi d'une restructuration profonde de la nutrition animale française : les coops ont en effet intégré, dans leurs territoires, les anciennes usines Evialis, créant des pôles régionaux entre 2009 et 2013, comme DNA, Novial, Querial, Lorial, Atrial, Solevial. Puis, explique Thierry Blandinières, Neovia a accéléré son développement à l'échelle internationale, reposant la question de la justification du financement de cette internationalisation par InVivo.

Yanne Boloh